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Cent millions d’années et un jour, Jean-Baptiste Andrea [#RL19]

La lecture de Ma Reine fut un véritable bonheur, une petite bulle de douceur qui disait la cruauté du monde avec tant de poésie. Je l’ai recommandée à tout va. Et puis, la cuvée de la rentrée littéraire 2019 a été annoncée, et j’y ai lu ce nom d’auteur qui avait su ravir mon parcours de lectrice. Jean-Baptiste Andrea. Un second roman.


Tout d’abord, on a hésité sur le titre, il a visiblement donné du fil à retordre aux méninges des éditeurs. Les épreuves de ce second roman l’annonçaient comme répondant au nom de Sur le rebord du monde, pour finalement le dresser sur les tables de librairies comme Cent millions d’années et un jour. Puisque l’on ne m’a pas demandé mon avis je vais vous le donner : j’avais déjà, et j’ai toujours, après avoir terminé la lecture du texte, un faible pour Sur le rebord du monde que je trouve tellement plus poétique, mystique, plus évocateur : il ouvre aux interprétations, aux possibles infinis que l’imagination peut offrir.


Mais puisqu’il est définitivement référencé comme Cent millions d’années et un jour, je vais donc vous parler de Cent millions d’années et un jour. Je redoutais ce second roman. L’auteur saurait-il trouver ce fameux second souffle ? Allais-je retrouver cette magie opérée par Ma Reine ou cette nouvelle lecture viendrait-elle lui faire de l’ombre ? Cette plume que j’avais tant aimée, était-elle ce qu’elle était par nécessité de l’histoire ou bien était-elle celle, si particulière, de son auteur ? Tout le monde ne se pose certainement pas autant de questions lorsque le deuxième roman d’un auteur adoré sort enfin, mais toujours est-il que j’étais partagée entre la méfiance et l’avidité.


Eh bien sachez que la candeur dans Ma Reine n’est pas uniquement celle de Shell mais bien celle de Jean-Baptiste Andrea. Et à partir de là, quel bonheur. En rédigeant cette chronique, je m’aperçois que Cent millions d’années et un jour est sans doute bien meilleur que Ma Reine — et que je déteste comparer les livres, ce que je ne cesse de faire depuis la première ligne. Bien meilleur, parce qu’il livre un récit de courage, d’entêtement, celui d’une épreuve, d’une obstination. Une bataille, un combat. Et toute cette férocité, il la relate avec la plume la plus poétique qu’il m’ait été donnée de lire. C’est ce contraste, qui n’apparaît pas tant dans Ma Reine (où au contraire la plume sert le portrait du personnage), qui montre le véritable tour de maître de l’auteur. Conserver son style, peu importe le sujet.

Cent millions d’années et un jour, c’est donc le récit enneigé d’un paléontologue obstiné. C’est aussi le récit d’une amitié au delà des limites. Ici, de limite, il n’y a que celle de la nature, du règne des éléments. On traverse le temps, les âges, l’enfance — ses blessures et ses regrets —, la passion pour les secrets de la Terre, l’acharnement. On approche la folie de l’homme, l’immensité. Et face à ça, la poésie. La tendresse d’une écriture aussi belle que les cimes enneigées.

Qui dit que les montagnes n’ont pas de sentiments, elles qui rougissement au lever du soleil ? (p.92)

Cent millions d’années et un jour est techniquement plus réussi que Ma Reine, lavé de ces petits défauts des premiers romans, l’auteur a acquit une confiance et une maturité qui se ressentent, il s’affirme. Pourtant, la faille qui avait fait chavirer mon coeur dans Ma Reine n’est pas là. C’est une très belle lecture, et je sais que j’en parlerai autour de moi, que je la recommanderai avec toute la chaleur qu’il faut pour oublier la neige interminable qui inonde ces pages, mais ce n’est plus une découverte, ça n’a plus le goût des premières fois. À présent, je sais que j’aime le style de cet auteur, c’est confirmé.

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