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Le vicomte pourfendu, Italo Calvino

Les lectures d’Italo Calvino sont toujours un plaisir.


Ce bref roman est le premier de la trilogie « Nos ancêtres » et s’apparente au genre du conte philosophique. Entre le conte de fées et l’essai, entre l’ironie et un vocabulaire spécifique, Italo Calvino nous donne de grandes leçons de morale. Ce récit, raconté par les yeux d’un enfant et pour les enfants, nous présente Médard de Terralba, rentré pourfendu de la guerre.


Le début du roman s’ouvre sur le champ de bataille, et par un incipit qui ressemble à celui de Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes. Au moyen des questions naïves du personnage, Calvino nous donne à voir toute l’horreur de la guerre, dont il connaît que trop bien la réalité. C’est un premier point qui fait que Calvino manie d’une main de maître toute les subtilités du récit. Médard donc rentre pourfendu de la guerre. C’est sa moitié droite qui revient sur ses terres, emplie de haine et semant la terreur ; le vicomte compte en deux tout ce qui se trouve sur son passage. Plus tard, c’est sa moitié gauche, sauvée par un ermite, qui reviendra et commencera à faire le bien autour de soi. À tel point que cela finit par agacer les habitants. /!\ Spoil : À la fin, les deux moitiés de Médard redeviendront une, et il sera un homme « complet », ni particulièrement mauvais ni excessivement bon. /!\


Ce que j’aime dans ce petit conte, c’est indéniablement sa morale, qui est multiple. Les interprétations sont nombreuses et c’est tout le talent de Calvino. Si quelque fois pointent imperceptiblement des critiques de société, comme lorsque Pierreclou construit d’incroyables machines qui ont pour but de donner la mort (ce que l’on a fait pendant les guerres, donc une critique de notre merveilleux progrès technique), des réflexions bien plus universelles dominent. En effet, il est évident de voir la morale principale : chaque homme ne fait ni seulement le Mal ni seulement le Bien, et c’est justement ces deux facettes qui le rendent humain. Chacun de nous a en lui ces deux cotés. L’ange et le démon. La jumelle diabolique. Que de thèmes qui s’y rapportent. Que cette morale me plaît chaque fois ! Et puis, si l’on a envie de voir l’œuvre de Calvino dans son contexte d’après guerre, on peut y voir le désir de paix sociale, un refus de la vision manichéenne : si un a collaboré, il n’est pas pour autant foncièrement mauvais. Et inversement, si un s’est engagé en résistance, il n’est pas non plus uniquement belle figure. Tous sont hommes.


J’aime beaucoup la capacité de Calvino de savoir nous dire tellement dans un langage si simple, dans des récits au schéma basique du conte, dans un livre pour enfants, dans un texte qui amuse, divertit, est fantaisie.

Un agréable petit livre, à lire surtout pour sa morale, pour les réflexions qu’il apporte.


L’agréable :

– les maximes : la plume de Calvino a la particularité de faire passer une idée en une brève phrase, que l’on a envie de recopier et de garder dans un joli carnet de citations)

– le merveilleux : l’imaginaire du conte est bien présent

– la morale, évidemment !


On aurait pu s’en passer : Ce roman est souvent proposé aux programmes scolaires, ce qui est une bonne chose, mais par conséquent il a tendance à être considéré comme « un livre d’école » alors qu’il pourrait plaire aux jeunes lecteurs pour leur propre divertissement.

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