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Billet d’humeur du 22 octobre

Le réveil sonna, j’emergeais sans comprendre, d’un sommeil enfin trouvé. Le réveil re-sonna. Je savais pourquoi, cette fois-ci. 6h25, début d’une longue journée. Immédiatement, tout me revint, tout m’envavit. Je n’étais pas levée que déjà submergée. Les neurones infatigables remis en marche. Il y a cet exposé que je dois présenter. Cette navette que j’ai oublié de réserver. Ce vent dans ma chambre, cette gorge qui racle. Il y a déjà tout ça. Je rassemble mes affaires, cellee que j’avais prévues pour l’occasion : le nouveau t-shirt noir, à manches courtes, pour n’avoir pas trop chaud en présentation et éviter les auréoles. Le petit t-shirt noir est cassé. Pris dans la pile bien repassée, le petit liseré au col pend lamentablement. Je n’ai pas de plan B, pas prévu cette éventualité. C’est pourtant si important, de se sentir bien dans ses vêtements, quand tout le monde aura le nez sur toi et ta pile de bouquins à présenter. Je file à la douche, à la fois gelée et transpirante. L’air qui circule dans ma chambre est froid, la différence avec les autres pièces impressionnante. La routine habituelle se décale, imperceptiblement, et à l’heure où je devrais monter dans le 2e tram, je n’en suis qu’à me brûler la langue avec mon cappuccino à l’eau. Je pars, fend la nuit et le froid. Ça y est, il fait froid. De la buée de ma bouche et sur les pare-brises. Raynaud me rattrape immédiatement, me dérobe ce doigt, toujours le même, ce doigt de fiançailles, l’annuaire. Il me veut pour lui seul, m’aggrippe les chevilles restées à l’air. Noter mentalement de prendre des bottines pour Manchester. Je saute dans le tram, un peu sauvée du froid, un peu sauvée des minutes qui s’égrènent. Je n’ai ni bouquin, ni écouteurs, ni peut-être carte de transport. Seule avec ma journée qui défile sans moi, à côté de moi, avec mon pouvoir de décision que je regarde s’envoler. Je suis seule, au milieu de plein de gens, plein d’autres journées qui ont peut-être mal débutées, plein de bulles de musique, de jeux un peu mécaniques sur le téléphone. Des journées encore enrobées de cette douceur d’un matin d’automne. Alors j’écris tout ça, du passé au présent, je malméne la grammaire, instinctivement mais consciemment. Parce que les mots m’apaisent, qu’ils ont l’air d’avoir tourné patiemment toute la nuit, à attendre d’être remis en mouvement. Et j’écris tout ça, avec la grammaire malmenée, pour que lorsque tu liras la râlerie que je déverse, tu la trouves un peu plus ludique.



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