Moi qui avais toujours détesté les voyages, j’étais désormais en route pour l’aventure, le cœur frétillant, secouée de ce frisson des grands explorateurs. Je ne sais pas quand le changement s’est opéré, ce qui a fait s’inverser la tendance, mais voilà, je partais, les pupilles s’agrandissant à mesure que le train prenait de la vitesse. Mes tympans aimaient l’acier qui crisse, ce hurlement venu des enfers de la matière. Mon corps tremblotait des à-coups, il était remué, torturé, échoué, il n’était plus maître de mes déplacements, et pourtant il adorait ce vertige. Mon esprit s’envolait, s’enfuyait, entre les cimes de l’arbre et les plumes de l’oiseau, dans le nuage gris et les azur immaculés, je regardais danser les graines de l’épi de blé. La main retenant le menton, le nez voulant dépasser la fenêtre, je respirais la fuite. J’aurais aimé avoir avec moi mes poèmes cornés de Cendrars, à défaut je me les récitais.
“Les étoiles fondent comme du sucre”