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Varions les éditions : Piranha (janvier 2021)



Les éditions Piranha selon ses lecteurs



Les éditions Piranha selon ses éditeurs


Anne Bouclier des éditions Piranha a accepté de répondre à mes questions. Voici donc Piranha vu de l'intérieur :


Comment tout a commencé

"Avant tout, je remercie chaleureusement tous les participants au challenge Varions les éditions, qui ont fait découvrir ou redécouvrir des Piranha, et Margot, qui nous donne la parole.

Piranha a été fondé en 2014 à Paris par Bernard Elchlepp et Jean-Marc Loubet. Leur but était de faire entendre des voix venues d’ailleurs, d’offrir des points de vue culturels originaux. Le principe était de publier en particulier des auteurs germanophones, mais dont l’allemand n’était pas nécessairement la langue maternelle. Tout se passait à peu près bien lorsque Bernard Elchlepp est mort brutalement. Ses héritières ne désirant pas s’occuper de la maison, Jean-Marc Loubet, Daniel Collet, qui est compositeur, et moi, nous sommes associés et avons repris le fonds.

Jean-Marc dirige et s’occupe des essais, Daniel met en page, et je m’occupe de la fiction. Je continue à corriger les textes, mais je suis grandement aidée par notre ancienne stagiaire, Coralie Baudet, et par un correcteur, Benoît Luciani. Melissa Luciani s’occupe des fichiers numériques et des documents pour la promotion. Nous sommes tous professionnels, mais nous sommes tous bénévoles. Le graphiste qui conçoit nos couvertures, l’imprimeur et le diffuseur sont bien entendus rémunérés."


Une ligne très personnelle

"Nous ne suivons pas ce qu’on appelle une ligne éditoriale. Nous publions ce que nous aurions aimé lire ou écrire, ce qui est en définitive la raison pour laquelle cette maison a été créée. Chacun d’entre nous a sa personnalité, avec des goûts variés et parfois opposés, et cela contribue effectivement à créer un catalogue éclectique. L’avantage, c’est que nous n’avons pas de contraintes, l’inconvénient, c’est que nous n’avons pas de contraintes. Nous gardons en tête l’idée que non seulement nous devons nous faire plaisir, mais que nous devons également faire plaisir aux lecteurs. Depuis que nous avons repris la maison, nous avons publié six livres, il faut du temps et de l’argent pour publier, et avant, il faut du temps pour lire et choisir. Parfois on se décide très vite, comme pour L’Invention d’Adélaïde Fouchon et pour Succession. C’est une question de séduction, il y a des manuscrits qu’on lit comme des livres publiés, d’une traite, on sait qu’on les veut, même si on est conscient que le texte devra être retravaillé. Parfois on hésite, l’idée est bonne, le sujet, le regard aussi, il y a une voix, mais ce n’est pas abouti, ou c’est trop long, ou l’approche n’est pas satisfaisante, ce qui fait beaucoup de réécriture en perspective. Il faut donc s’assurer qu’on s’entend avec l’auteur. On se parle, on tâte le terrain, on pose ses conditions. Et cela permet d’éliminer pas mal de textes, même si l’on a quelques regrets. Un livre, pour un éditeur, c’est aussi une rencontre avec une personne, qu’il s’agisse de l’auteur ou du traducteur."


"Par conséquent, chaque livre nous marque, pas de la même façon, pas pour les mêmes raisons. Je me rappelle Souvenirs d’un mariage. Louis Begley, l’auteur, qui parle français, a revu la traduction, la traductrice a commenté dans le fichier. C’était un dialogue… intéressant, pour le moins. Quand on découvre un livre en le corrigeant, on peut véritablement le lire au fur et à mesure qu’on travaille, on se laisse prendre par le style et par l’histoire. Il se passe parfois quelque chose d’extraordinaire : à la quatrième relecture, on connaît l’histoire, les personnages, on sait « comment ça se termine », pourtant on est encore surpris par les rebondissements, on espère encore que « le héros ne va pas mourir ». Cela s’est produit avec Breaking News, avec Butchers’ Crossing, avec Mon ex, la Mort, et moi, et avec Succession, cela s’est passé avec le roman qui est chez l’imprimeur, et c’est encore en train de se passer avec le roman que nous publions en mai.


Bien entendu, c’est d’autant plus réjouissant que nous travaillons avec des traducteurs comme Olivier Mannoni, Jessica Shapiro et Brice Germain, avec des auteurs comme Natacha Diem et Patrick Cargnelutti, qui d’eux-mêmes reviennent sur leur texte, qui le revoient avec un œil critique, qui disent : « Non, mais finalement, qu’est-ce que tu penses de… », « Tu ne crois pas que ce serait mieux si… », « Ah mais là, ça ne va pas du tout… » Il faut seulement ne pas oublier de les arrêter à un moment donné, si nous voulons publier.


S’agissant de la non-fiction, nous privilégions des textes choisis selon les mêmes principes que les textes littéraires : des voix et des personnalités originales, qui vont à l’encontre des idées reçues. C’est pourquoi nous allons publier la biographie de Napoléon écrite par Adam Zamoyski, l’auteur de 1812 (trad. Laurent Bury).


Dans le même esprit, Jean-Marc Loubet, qui vient des sciences humaines, lance la collection « Banc d’essais » : journalistes, chercheurs et universitaires regardent le monde et l’actualité sous l’angle de leur spécialité, prennent position, proposent des idées nouvelles et nous invitent à réfléchir et à débattre."


Et demain ?

"Cette année, chez Piranha, encouragés par nos lecteurs et par nos critiques, nous ferons tout notre possible pour continuer à publier des textes que nous aurons sélectionnés avec la curiosité et le soin que l’ébéniste met à choisir son bois, peaufinés avec la même délicatesse qu’il met à le travailler. Nous ferons tout notre possible pour être plus présents sur les tables des libraires, pour attirer plus d’amoureux de la lecture, pour faire parler de nous. Nous ferons tout notre possible pour vendre des livres, en un mot : ne nous leurrons pas, si nous voulons être là en 2022, nous devons vendre des livres en 2021."


Un immense merci Anne pour ces coulisses ! En tout cas, avec les lecteurs de Varions les éditions (et les autres aussi) nous ne manquerons pas d'acheter du Piranha en librairie pour continuer de voir naître vos parutions électiques.

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