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Paris-Beyrouth, Jacques Weber [#RL20]



Paris-Beyrouth. Plus Beyrouth que Paris. L'amour. La guerre. "Faites l'amour, pas la guerre". Faites l'amour en pleine guerre, faites l'amour pour oublier la guerre, faites l'amour au rythme fou des coups tirés en l'air. Le livre de Jacques Weber, c'est ça. L'amour fou plus fort que tout. Qui fait laisser un enfant à Paris pour suivre un mari à Beyrouth. C'est le désir exacerbé de se rendre compte que l'on est toujours vivant. Alors que l'instant d'avant, les cris, les incendies, les mots dans une langue que l'on ne connait pas, le bout du canon sur le tempe, le coeur qui s'arrête. Et au milieu de cette si jolie ville qui surplombe l'océan, de ces palais aux fenêtres brisées, l'art. Le cinéma. Un pari un peu fou, car cette bande de personnages doit bien l'être un peu pour mener à terme ce projet ; le tournage d'un film en plein pays en guerre. On y suit un comédien que le théâtre a malmené, un artiste dont la voix ne sonne plus. On y découvre une autre langue, stratagème pour se sauver, ressusciter l'instrument de la gloire passée. C'est un texte assez ambivalent, où la poésie côtoie le pire, parce qu'il n'y a qu'avec des images que l'on peut dire l'indicible. C'est un texte où les voix se cachent pour rire, où les yeux ne brillent que par éclair. Ce sont des jeux d'ombre et de lumière.

Mais surtout, c'est un texte qui a la musicalité et les images de Cendrars, qui rappelle sa prose du Transsibérien, ce voyage dans ce train et ces pays de guerre, ces hommes et ces couleurs qui s'affrontent. Pour ceux qui connaissent, nul doute que vous saurez voir l'intertextualité dans cet extrait : (Mais il y en a d'autres, dans le livre, si vous le lisez amusez-vous à les chasser.)


[...] Paris s’éveille. Par tous temps, je vois une pâtisserie meringuée en haut de Montmartre, le Sacré-Coeur. ça et là, des clochers anonymes pointent leurs doigts de pierre vers le bon Dieu. Je pense aux minarets hauts et fins d’où un homme appelle à la prière ; des chants rugueux tournoient dans la poussière mauve des crépuscules du Bosphore, de l’Atlas ou de la Bekaa. Moi qui déteste les cantiques depuis que les bigotes parfumées à la bougie et à l’encens m’ont donné la note, j’aime le Moyen-Orient qui chante. Le soleil de la matinée me réchauffe de bonne heure, pâle comme la rose des sables. J’en suis sûr maintenant : je dois aller à Beyrouth. 

 

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